Sticky PostingsAll 242 fabric | rblg updated tags | #fabric|ch #wandering #reading
By fabric | ch -----
As we continue to lack a decent search engine on this blog and as we don't use a "tag cloud" ... This post could help navigate through the updated content on | rblg (as of 09.2023), via all its tags!
FIND BELOW ALL THE TAGS THAT CAN BE USED TO NAVIGATE IN THE CONTENTS OF | RBLG BLOG: (to be seen just below if you're navigating on the blog's html pages or here for rss readers)
-- Note that we had to hit the "pause" button on our reblogging activities a while ago (mainly because we ran out of time, but also because we received complaints from a major image stock company about some images that were displayed on | rblg, an activity that we felt was still "fair use" - we've never made any money or advertised on this site). Nevertheless, we continue to publish from time to time information on the activities of fabric | ch, or content directly related to its work (documentation).
Posted by Patrick Keller
in fabric | ch
on
Monday, September 11. 2023 14:29
Defined tags for this entry: 3d, activism, advertising, agriculture, air, algorithms, animation, archeology, architects, architecture, art, art direction, artificial reality, artists, atmosphere, automation, behaviour, bioinspired, biotech, blog, body, books, brand, character, citizen, city, climate, clips, code, cognition, collaboration, commodification, communication, community, computing, conditioning, conferences, consumption, content, control, craft, culture & society, curators, customization, data, density, design, design (environments), design (fashion), design (graphic), design (interactions), design (motion), design (products), designers, development, devices, digital, digital fabrication, digital life, digital marketing, dimensions, direct, display, documentary, earth, ecal, ecology, economy, electronics, energy, engineering, environment, equipment, event, exhibitions, experience, experimentation, fabric | ch, farming, fashion, fiction, films, food, form, franchised, friends, function, future, gadgets, games, garden, generative, geography, globalization, goods, hack, hardware, harvesting, health, history, housing, hybrid, identification, illustration, images, immaterial, information, infrastructure, installations, interaction design, interface, interferences, kinetic, knowledge, landscape, language, law, life, lighting, localization, localized, machinelearning, magazines, make, mapping, marketing, mashup, material, materials, media, mediated, mind, mining, mobile, mobility, molecules, monitoring, monography, movie, museum, music, nanotech, narrative, nature, networks, neurosciences, new-material, non-material, opensource, operating system, participative, particles, people, perception, photography, physics, physiological, politics, pollution, presence, print, privacy, product, profiling, projects, psychological, public, publications, publishing, reactive, real time, recycling, research, resources, responsive, ressources, robotics, rules, scenography, schools, science & technology, scientists, screen, search, security, semantic, sharing, shopping, signage, smart, social, society, software, solar, sound, space, spatial, speculation, statement, surveillance, sustainability, tactile, tagging, tangible, targeted, teaching, technology, tele-, telecom, territory, text, textile, theory, thinkers, thinking, time, tools, topology, tourism, toys, transmission, trend, typography, ubiquitous, urbanism, users, variable, vernacular, video, viral, vision, visualization, voice, vr, war, weather, web, wireless, world, worldbuilding, writing
Tuesday, October 04. 2016L’Anthropocène et l’esthétique du sublime | #stupéfaction #bourgeoisie
Note: j'avais évoqué récemment cette idée du sublime dans le cadre d'un workshop à l'ECAL, avec pour invités Random International. Il s'agissait alors d'intervenir dans le cadre d'un projet de recherche où nous visions à développer des "contre-propositions" à l'expression actuelle de quelques-unes de nos infrastructures contemporaines, "douces" et "dures". Le "cloud computing" et les data-centers en particulier (le projet en question, en cours et dont le processus est documenté sur un blog: Inhabiting & Interfacing the Cloud(s)). Un projet conduit en collaboration avec Nicolas Nova de la HEAD - Genève Tout cela s'était développé autour du sentiment d'une technologie, qui mettant aujourd'hui de nouveau "à distance" ses utilisateurs, contribuerait au développement de "croyances" (dimension "magique") et dans certains cas, à la résurgence du sentiment de "sublime", cette fois non plus lié aux puissances natutrelles "terrifiantes", mais aux technologies développées par l'homme. Je n'avais pas fait le lien avec cette thématique très actuelle de l'Anthropocène, que nous avions toutefois déjà commentée et pointée sur ce blog. C'est fait dorénavant avec beaucoup de nuances par Jean-Baptiste Fressoz. Non sans souligner que "(...) cette opération esthétique, au demeurant très réussie, n’est pas sans poser problème car ce qui est rendu sublime ce n’est évidemment pas l’humanité, mais c’est, de fait, le capitalisme". ... On peut aussi se souvenir qu'en 1990 déjà, Michel Serres écrivait dans son livre Le Contrat Naturel:
Texte que nous avions par ailleurs cité avec fabric | ch dans l'un de nos premiers projets, Réalité Recombinée, en 1998.
Via Mouvements (via Nicolas Nova) ----- Par Jean-Baptiste Fressoz
Olafur Eliasson à la Tate Modern.
Pour Jean-Baptiste Fressoz, la force de l’idée d’Anthropocène n’est pas conceptuelle, scientifique ou heuristique : elle est avant tout esthétique. Dans cet article, l’auteur revient, pour en pointer les limites, sur les ressorts réactivés de cette esthétique occidentale et bourgeoise par excellence [note: le sublime], vilipendée par différents courants critiques. Il souligne qu’avant d’embrasser complètement l’Anthropocène, il faut bien se rappeler que le sublime n’est qu’une des catégories de l’esthétique, qui en comprend d’autres (le tragique, le beau…) reposant sur d’autres sentiments (l’harmonie, la douleur, l’amour…), peut-être plus à même de nourrir une esthétique du soin, du petit, du local dont l’agir écologique a tellement besoin.
Aussi sidérant, spectaculaire ou grandiloquent qu’il soit, le concept d’Anthropocène ne désigne pas une découverte scientifique [1]. Il ne représente pas une avancée majeure ou récente des sciences du système-terre. Nom attribué à une nouvelle époque géologique à l’initiative du chimiste Paul Crutzen, l’Anthropocène est une simple proposition stratigraphique encore en débat parmi la communauté des géologues. Faisant suite à l’Holocène (12 000 ans depuis la dernière glaciation), l’Anthropocène est marquée par la prédominance de l’être humain sur le système-terre. Plusieurs dates de départ et marqueurs stratigraphiques afférents sont actuellement débattus : 1610 (point bas du niveau de CO2 dans l’atmosphère causé par la disparition de 90% de la population amérindienne), 1830 (le niveau de CO2 sort de la fourchette de variabilité holocénique), 1945 date de la première explosion de la bombe atomique. La force de l’idée d’Anthropocène n’est pas conceptuelle, scientifique ou heuristique : elle est avant tout esthétique. Le concept d’Anthropocène est une manière brillante de renommer certains acquis des sciences du système-terre. Il souligne que les processus géochimiques que l’humanité a enclenchés ont une inertie telle que la terre est en train de quitter l’équilibre climatique qui a eu cours durant l’Holocène. L’Anthropocène désigne un point de non retour. Une bifurcation géologique dans l’histoire de la planète Terre. Si nous ne savons pas exactement ce que l’Anthropocène nous réserve (les simulations du système-terre sont incertaines), nous ne pouvons plus douter que quelque chose d’importance à l’échelle des temps géologiques a eu lieu récemment sur Terre. Le concept d’Anthropocène a cela d’intéressant, mais aussi de très problématique pour l’écologie politique, qu’il réactive les ressorts de l’esthétique du sublime, esthétique occidentale et bourgeoise par excellence, vilipendée par les critiques marxistes, féministes et subalternistes, comme par les postmodernes. Le discours de l’Anthropocène correspond en effet assez fidèlement aux canons du sublime tels que définis par Edmund Burke en 1757. Selon ce philosophe anglais conservateur, surtout connu pour son rejet absolu de 1789, l’expérience du sublime est associée aux sensations de stupéfaction et de terreur ; le sublime repose sur le sentiment de notre propre insignifiance face à une nature lointaine, vaste, manifestant soudainement son omnipuissance. Écoutons maintenant les scientifiques promoteurs de l’Anthropocène :
« L’humanité, notre propre espèce, est devenue si grande et si active qu’elle rivalise avec quelques-unes des grandes forces de la Nature dans son impact sur le fonctionnement du système terre […]. Le genre humain est devenu une force géologique globale [2] ».
La thèse de l’Anthropocène repose en premier lieu sur les quantités phénoménales de matière mobilisées et émises par l’humanité au cours des XIXe et XXe siècles. L’esthétique de la gigatonne de CO2 et de la croissance exponentielle renvoie à ce que Burke avait noté : « la grandeur de dimension est une puissante cause du sublime [3] », et, ajoute-t-il, le sublime demande « le solide et les masses mêmes [4] ». De manière plus précise, l’Anthropocène reporte le sublime de la vaste nature vers « l’espèce humaine ». Tout en jouant du sublime, il en renverse les polarités classiques : la terreur sacrée de la nature est transférée à une humanité colosse géologique. Or, cette opération esthétique, au demeurant très réussie, n’est pas sans poser problème car ce qui est rendu sublime ce n’est évidemment pas l’humanité, mais c’est, de fait, le capitalisme. L’Anthropocène n’est certainement pas l’affaire d’une « espèce humaine », d’un « anthropos » indifférencié, ce n’est même pas une affaire de démographie : entre 1800 et 2000 la population humaine a été multipliée par sept, la consommation d’énergie par 50 et le capital, si on reprend les chiffres de Thomas Picketty, par 134 [5]. Ce qui a fait basculer la planète dans l’Anthropocène, c’est avant tout une vaste technostructure orientée vers le profit, une « seconde nature », faite de routes, de plantations, de chemins de fer, de mines, de pipelines, de forages, de centrales électriques, de marchés à terme, de porte-containers, de places financières et de banques et bien d’autres choses encore qui structurent les flux de matière et d’énergie à l’échelle du globe selon une logique structurellement inégalitaire. Bref, le changement de régime géologique est bien sûr le fait de « l’âge du capital [6] » bien plus que le fait de « l’âge de l’être humain » dont nous rebattent les récits dominants [7]. Le premier problème du sublime de l’Anthropocène est qu’il renomme, esthétise et surtout naturalise le capitalisme, dont la force se mesure dorénavant à l’aune des manifestations de la première nature – les volcans, la tectonique des plaques ou les variations des orbites planétaires – que deux siècles d’esthétique du sublime nous avaient appris à craindre mais aussi à révérer. Au sublime de la quantité, l’Anthropocène ajoute le sublime géologique des âges et des éons, duquel il tire ses effets les plus saisissants. La thèse de l’Anthropocène nous dit en substance que les traces de notre âge industriel resteront pour des millions d’années dans les archives géologiques de la planète. Le fait d’ouvrir une nouvelle époque taillée à la mesure de l’être humain signifie que c’est à l’échelle des temps géologiques seulement que l’on peut identifier des événements agissant avec autant de force sur la planète que nous-mêmes : le taux de dioxyde de carbone en 2015 est sans précédent depuis trois millions d’années, le taux actuel d’extinction des espèces, depuis 65 millions d’années, l’acidité des océans, depuis 300 millions d’années, etc. Ce que nous vivons n’est pas une simple « crise environnementale », mais une révolution géologique d’origine humaine. Loin de constituer un cours extérieur, impavide et gigantesque, le temps de la Terre est devenu commensurable au temps de l’agir humain. En deux siècles tout au plus, l’humanité a altéré la dynamique du système-terre pour l’éternité ou presque. « Tout ce qui fait transition n’excite aucune terreur [8] » écrivait Burke. Le discours de l’Anthropocène cultive cette esthétique de la soudaineté, de la bifurcation et de l’événement. Le sublime de l’Anthropocène réside précisément dans cette rencontre extraordinaire : deux siècles d’activité humaine, une durée infime, quasi-nulle au regard de l’histoire terrienne, auront suffi à provoquer une altération comparable au grand bouleversement de la fin du Mésozoïque il y a 65 millions d’années. La troisième source du sublime anthropocénique est le sublime de la violence souveraine de la nature, celle des tremblements de terre, des tempêtes et des ouragans. Les promoteur·rice·s de l’Anthropocène mobilisent volontiers le sublime romantique des ruines, des civilisations disparues et des effondrements : « Les moteurs de l’Anthropocène pourraient bien menacer la viabilité de la civilisation contemporaine et peut-être même l’existence d’homo sapiens [9] ». Le succès artistique et médiatique du concept repose sur la « jouissance douloureuse », sur le « plaisir négatif » dont parle Burke :
« Nous jouissons à voir des choses que, bien loin de les occasionner, nous voudrions sincèrement empêcher… Je ne pense pas qu’il existe un·e ho·femme assez scélérat·e· pour désirer [que Londres] fût renversée par un tremblement de terre… Mais supposons ce funeste accident arrivé, quelle foule accourrait de toute part pour contempler ses ruines [10] ».
William Kentridge
L’Anthropocène s’appuie sur une culture de l’effondrement propre aux nations occidentales, qui, depuis deux siècles, admirent leur puissance en fantasmant les ruines de leur futur. L’Anthropocène joue des mêmes ressorts psychologiques que le plaisir pervers des décombres déjà décrit par Burke et qui nourrit la vogue actuelle du tourisme des catastrophes de Tchernobyl à ground zero. La violence de l’Anthropocène est aussi celle de la science hautaine et froide qui nomme les époques et définit notre condition historique. Violence, tout d’abord, de son diagnostic irrévocable : « toi qui entre dans l’Anthropocène abandonne tout espoir » semblent nous dire les savant·e·s. Violence ensuite de la naturalisation, de la « mise en espèce » des sociétés humaines : les statistiques globales de consommation et d’émissions compactent les mille manières d’habiter la terre en quelques courbes, effaçant par la même l’immense variation des responsabilités entre les peuples et les classes sociales. Violence enfin du regard géologique tourné vers nous-mêmes, jaugeant toute l’histoire (empires, guerres, techniques, hégémonies, génocides, luttes, etc.) à l’aune des traces sédimentaires laissées dans la roche. Le géologue de l’Anthropocène est plus effroyable encore que l’ange de l’histoire de Walter Benjamin qui, là même où nous voyions auparavant progrès, ne voyait que catastrophe et désastre : lui n’y voit que fossiles et sédiments. Que le sublime soit l’esthétique cardinale de l’Anthropocène n’est absolument pas fortuit : sublime et géologie se sont épaulés tout au long de leur histoire. En 1674, Nicolas Boileau traduit en français le traité de Longinus sur le sublime (1er siècle après J.-C.) introduisant ainsi cette notion dans l’Europe lettrée. Mais c’est seulement au milieu du XVIIIe siècle, après que la passion des montagnes et l’intérêt pour la géologie se sont cristallisés dans les classes supérieures, que la « grande nature » devient un objet de sublime [11]. Partis pour leur « grand tour », sur le chemin de l’Italie, les jeunes Anglais·es fortuné·e·s rencontrent en effet la chaîne des Alpes, ses pics vertigineux, ses glaciers terrifiants et ses panoramas immenses. Dans les récits de grands tours, l’expérience de l’effroi face à la nature représente le prix à payer pour goûter la beauté des trésors culturels de l’Italie. Le sublime joue ici un rôle de distinction : être capable de prendre du plaisir en contemplant les glaciers, ou les rochers arides, permettait aux touristes anglais·es de se différencier des guides et des paysan·e·s montagnard·e·s qui n’y voyaient que dangers et terres incultes. Mais c’est évidemment le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 qui fournit le véritable coup d’envoi des réflexions sur le sublime : Burke, qui publie son traité l’année suivante, fait référence à la passion esthétique des décombres et des ruines qui saisit alors l’Europe entière. La même année, Emmanuel Kant publie également un court ouvrage sur le tremblement de terre de Lisbonne et, dans son essai ultérieur sur le sublime, il définit ce dernier comme un « plaisir négatif » pouvant procéder de deux manières : le sublime mathématique ressenti devant l’immensité de la nature (l’espace étoilé, l’océan etc.) et le « sublime dynamique » procuré par la violence de la nature (tornade, volcan, tremblement de terre). Le sublime de l’Anthropocène, et sa mise en scène d’une humanité devenue force tellurique signe la rencontre historique du sublime naturel du XVIIIe siècle et du sublime technologique des XIXe et XXe siècles. Avec l’industrialisation de l’Occident, la puissance de la seconde nature fait l’objet d’une intense célébration esthétique. Le sublime transféré à la technique jouait un rôle central dans la diffusion de la religion du progrès : les gares, les usines et les gratte-ciels en constituaient les harangues permanentes [12]. Dès cette époque, l’idée d’un monde traversé par la technique, d’une fusion entre première et seconde natures fait l’objet de réflexions et de louanges. On s’émerveille des ouvrages d’art matérialisant l’union majestueuse des sublimes naturel et humain : viaducs enjambant les vallées, tunnels traversant les montagnes, canaux reliant les océans, etc. L’idée d’un globe remodelé pour les besoins de l’être humain et fertilisé par la technique constitue une trope classique du positivisme depuis Saint-Simon au moins, qui, dès 1820, écrivait : « l’objet de l’industrie est l’exploitation du globe, c’est-à-dire l’appropriation de ses produits aux besoins de l’homme, et comme, en accomplissant cette tâche, elle modifie le globe, le transforme, change graduellement les conditions de son existence, il en résulte que par elle, l’homme participe, en dehors de lui-même en quelque sorte, aux manifestations successives de la divinité, et continue ainsi l’œuvre de la création. De ce point de vue, l’Industrie devient le culte [13] ». De manière plus précise, l’Anthropocène s’inscrit dans une version du sublime technologique reconfigurée par la guerre froide. Il prolonge la vision spatiale de la planète produite par le système militaro-industriel américain, une vision déterrestrée de la Terre saisie depuis l’espace comme un système que l’on pourrait comprendre dans son entièreté, un « spaceship earth » dont on pourrait maîtriser la trajectoire grâce aux nouveaux savoirs sur le système-terre [14]. Le risque est que l’esthétique de l’Anthropocène nourrisse davantage l’hubris d’une géo-ingénierie brutale qu’un travail patient, à la fois modeste et ambitieux d’involution et d’adaptation du social. Pour mémoire, la géo-ingénierie désigne un ensemble de techniques visant à modifier artificiellement le pouvoir réfléchissant de l’atmosphère terrestre pour contrecarrer le réchauffement climatique. Cela peut constituer par exemple à injecter du dioxyde de soufre dans la haute atmosphère afin de réfléchir une partie du rayonnement solaire vers l’espace. L’échec des gouvernements à obtenir un accord international contraignant et ambitieux a contribué à mettre en avant la géo-ingénierie, en tant que « plan B ». Ces techniques potentiellement très risquées pourraient donc soudainement s’imposer en cas « d’urgence climatique ». Pour ses promoteur·rice·s, l’Anthropocène est une révélation, un éveil, un changement de paradigme désorientant soudainement les représentations vulgaires du monde.
« Par le passé, du fait de la science, l’humanité a dû faire face à de profondes remises en cause de leurs systèmes de croyance. Un des exemples les plus important est la théorie de l’évolution… Le concept d’anthropocène pourrait susciter une réaction hostile similaire à celle que Darwin a produite [15] ».
On retrouve ici le trope romantique du·de la savant·e· payant de sa personne pour lutter contre la foule hostile. En se coupant ainsi du passé et de la décence environnementale commune, en rejetant comme dépassés les savoirs environnementaux qui le précèdent ainsi que les luttes sociales que ces savoirs ont nourries, l’Anthropocène dépolitise l’histoire longue de la destruction de la planète. Avant on ignorait les conséquences globales de l’agir humain, maintenant l’on sait, et, bien entendu, maintenant l’on peut agir. La prétention à la nouveauté des savoirs sur la Terre est aussi une prétention des savants à agir sur celle-ci. Ce n’est pas un hasard si l’inventeur du mot Anthropocène, le prix Nobel de chimie Paul Crutzen, est aussi l’un des avocat·e·s des techniques de géo-ingénierie. À l’Anthropocène inconscient issu de la révolution industrielle succéderait enfin le « bon Anthropocène » éclairé par les savoirs du système-terre. Comme toute forme de scientisme, l’esthétique de l’Anthropocène anesthésie le politique : les « expert·e·s », les autorités vont « faire quelque chose ». Les expériences du sublime sont toujours à replacer dans un contexte historique et politique particulier. Elles renvoient à des émotions dépendantes des conditions culturelles, naturelles ou technologiques de chaque époque et ce sont ces conditions qui en fournissent les clés de compréhension politique. De la fin du XVIIIe siècle à la fin du siècle suivant, le sublime d’une nature violente et abstraite permettait aux classes bourgeoises urbaines de goûter à la violence de la nature, tout en étant relativement protégées de ses manifestations et de relativiser les dangers bien réels d’un mode de vie technologique et urbain. L’art du sublime nourrissait également le fantasme d’une nature immense et inépuisable au moment précis où l’impérialisme en exploitait les derniers recoins. Dans une culture prenant au sérieux le projet de maîtrise technique de la nature, l’esthétique du sublime fournissait aussi un plaisir légèrement coupable. Enfin, selon le critique marxiste Terry Eagleton, le sublime correspondait aux impératifs esthétiques du capitalisme naissant : contre l’esthétique émolliente du beau, risquant de transformer le sujet bourgeois en sensualiste décadent, le sublime réénergisait le sujet capitaliste comme exploiteur·se ou comme pourvoyeur de travail. Le beau devient à la fin du XVIIIe siècle l’harmonieux, le non-productif, le doux et le féminin ; le sublime : l’effort, le danger, la souffrance, l’élevé, le majestueux et le masculin. Au fond, le sublime, nous dit Eagleton, contenait la menace que la beauté faisait peser sur la productivité [16]. Au début des années 2000, le sublime de l’Anthropocène occupe également une fonction idéologique. Alors que les classes intellectuelles se convertissent au souci écologique, alors qu’elles rejettent les idéaux modernistes de maîtrise de la nature comme has been, alors qu’elles proclament « la fin des grands récits », la fin du progrès, de la lutte des classes, etc., l’Anthropocène procure le frisson coupable d’un nouveau récit sublime. Sur un fond d’agnosticisme quant au futur, l’Anthropocène paraît donner un nouvel horizon grandiose à l’humanité tout entière : prendre en charge collectivement le destin d’une planète. Dans le contexte idéologique terne de l’écologie politique, du développement durable et de la précaution, penser le mouvement d’une humanité devenue force tellurique paraît autrement plus excitant que penser l’involution d’un système économique. Au fond le sublime de l’Anthropocène rejoue assez exactement la scène finale du chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, 2001 l’Odyssée de l’espace : l’embryon stellaire contemplant la terre figurant parfaitement l’avènement d’un agent géologique conscient, d’un corps planétaire réflexif. Et c’est bien pour cela que l’Anthropocène fait tressaillir théoricien·ne·s, philosophes et artistes en herbe : il semble désigner un événement métaphysique intéressant. Pour l’écologie politique contemporaine, l’esthétique sublime de l’Anthropocène pose pourtant problème : en mettant en scène l’hybridation entre première et seconde natures, elle réénergise l’agir technologique des cold warriors (la géo-ingénierie) ; en déconnectant l’échelle individuelle et locale de ce qui importe vraiment (l’humanité force tellurique et les temps géologiques), elle produit sidération et cynisme (no future) ; enfin l’Anthropocène, comme tout autre sublime, est sujet à la loi des rendements décroissants : une fois que l’audience est préparée et conditionnée, son effet s’émousse. En ce sens, désigner une œuvre d’art comme « art de l’Anthropocène » serait absolument fatale à son efficacité esthétique. Le risque est que l’écologie du sublime soit alors appelée à une surenchère permanente, semblable en cela à la course à l’avant-garde dans l’art contemporain. Avant d’embrasser complètement l’Anthropocène, il faut bien se rappeler que le sublime n’est qu’une des catégories de l’esthétique, qui en comprend bien d’autres (le tragique, le beau, le pittoresque…) reposant sur d’autres sentiments (l’harmonie, l’ataraxie, la tristesse, la douleur, l’amour), qui sont peut-être plus à même de nourrir une esthétique du soin, du petit, du local, du contrôle, de l’ancien et de l’involution dont l’agir écologique a tellement besoin.
[1] Cet article reprend sous une forme modifiée un texte déjà paru dans le catalogue de l’exposition Sublime. Les tremblements du monde, Centre Pompidou-Metz, Metz, Centre Pompidou-Metz, 2016. [2] W. Steffen, J. Grinevald, P. Crutzen, J. McNeill, « The Anthropocene : conceptual and historical perspectives », Philosophical transactions of the Royal Society A, 369, 2011, p. 842–867. [3] E. Burke, Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau, Paris, Pichon, 1803 (1757), p. 129. [4] Ibid., p. 225. [5] T. Piketty, Le capital au XXIe siècle, Paris, Seuil, 2013. [6] E. Hobsbawm, The Age of Capital : 1848-1975, London, Weindefeld, 1975. [7] Voir le chapitre « capitalocène » de la nouvelle édition de C. Bonneuil, J.-B. Fressoz, L’événement Anthropocène. La terre, l’histoire et nous, Paris, Seuil, 2016. [8] E. Burke, op. cit. p. 151. [9] W. Steffen et al., art. cit. [10] E. Burke, op. cit., p. 85. [11] M. Hope Nicholson, Mountain gloom and mountain glory: The development of the aesthetics of the infinite, Ithaca, Cornell University Press, 1959. [12] D. Nye, American technological sublime, Cambridge (MA), MIT Press, 1994. [13] Saint-Simon, Doctrine de Saint-Simon, t. 2, Paris, Aux Bureaux de l’Organisateur, 1830, p. 219. [14] C. Bonneuil, J.-B. Fressoz, op. cit. ; S. Grevsmühl, La Terre vue d’en haut. L’invention de l’environnement global, Paris, Seuil, 2014. [15] W. Steffen et al., art. cit. [16] Terry Eagleton, The Ideology of the Aesthetic, Oxford, Basil Blackwell, 1990.
Related Links:
Posted by Patrick Keller
in Art, Culture & society, Science & technology, Territory
at
09:11
Defined tags for this entry: art, artificial reality, atmosphere, climate, conditioning, culture & society, ecology, economy, engineering, environment, geography, science & technology, technology, territory, thinking
Wednesday, April 02. 2014Computers dethrone humans in European stock trading | #algorithms
Meanwhile ... Makes me think about this interview with Bill Gates about software substitution.
-----
Computers dethrone humans in European stock trading - via reuters European equity investors are placing more orders via computers than through human traders for the first time as new market rules drive more money managers to go high-tech and low cost. The widespread regulatory changes has made electronic trading spread across the industry. Last year, European investors put 51 percent of their orders through computers directly connected to the stock exchange or by using algorithms, a study by consultants TABB showed. The TABB study revealed that of 58 fund managers controlling 14.6 trillion euros in assets, a majority intended to funnel much more of their business through electronic “low touch” channels, which can cut trade costs by two-thirds. Pioneer Investments, which trades 500 billion euros ($695 billion) worth of assets every year and has cut the number of brokers it uses from 300 to around 100. Thats a lot of money in the non-hands of algorithms.
Tuesday, February 04. 2014Appropriating Interaction Technologies (“Social Hacking”) at ITP | #code----- By Lauren McCarthy & Kyle McDonald
AIT (“Social Hacking”), taught for the first time this semester by Lauren McCarthy and Kyle McDonald at NYU’s ITP, explored the structures and systems of social interactions, identity, and self representation as mediated by technology. The semester was spent developing projects that altered or disrupted social space in an attempt to reveal existing patterns or truths about our experiences and technologies, and possibilities for richer interactions. The class began by exploring the idea of “social glitch”, drawing on ideas from glitch theory, social psychology, and sociology, including Harold Garfinkel’s breaching experiments, Stanley Milgram’s subway experiments, and Erving Goffman’s dramaturgical analysis of social interaction. If “glitch” describes when a system breaks down and reveals something about its structure or self in the process, what might this look like in the context of social space? Bill Lindmeier wrote a Ruby script using the Twitter Stream API to listen for any Tweets containing “new profile pic.” When a Tweet was posted the script would download the user’s profile image, upload it to his own account and then reply to the user with a randomly selected Tweet, like “awesome pic!”. The reactions ranged from humored to furious.
Along similar lines, Ilwon Yoon implemented a script that searched for Tweets containing “I am all alone” and replied with cute images obtained from a Google image search and “you are not alone” text. Mack Howell built on the in-class exercise of asking strangers to borrow their phone then doing something unexpected with it, asking to take pictures of strangers’ browsing history.
The class next turned it’s attention to social automation and APIs, and the potential for their creative misuse. Gal Sasson used the Amazon Mechanical Turk API to create collaborative noise, creating a chain where each turker was prompted to replicate a drawing from the previous turker, seeding the first turker with a perfect square.
Mack Howell used the Google Street View Image API to map out the traceroutes from his location to the data centers of the his most frequently visited IPs.
In another assignment, students were prompted to create an “HPI” (human programming interface) that allowed others to control some aspect of their lives, and perform the experiment for one full week. Anytime an email or Twitter direct message was sent to Ben Kauffman with the hashtag #brainstamp and a mailing address, he would get an SMS with the information and promptly right down on a postcard whatever was in his head at that exact moment. He would then mail the thoughts, at turns surreal and mundane, to the awaiting recipient. An alternative to normal social media, Ben challenged us to find ways to be more present while documenting our lives.
Bill Lindmeier invited his friends to control his movements in realtime through a Google-street-view-esque video interface, and asked them to complete a simple mission: Buy some coffee in under 20 minutes. The tools at their disposal: $5, an umbrella and a carrot.
Mack Howell created a journal written by Amazon Mechanical Turk workers, asking them to generate diary entries based on OpenPaths data sent automatically as he moved around.
In a project called My Friends Complete Me, Su Hyun Kim posted binary questions on Facebook, Twitter and Instagram, and let her friends collective opinion determine her life choices, including deciding whether to change her last name when she got married. A couple weeks were spent having focused discussions about security, privacy, and surveillance, including topics like quantified self, government surveillance and historical regimes of naming, and readings from Bruce Schneier, Evgeny Morozov and Steve Mann. In parallel, students were asked to examine their own social lives and compulsively document, share, intercept, impersonate, anonymize and misinterpret. Mike Allison explored our voyeuristic nature and cultural craving for surveillance, allowing users to watch someone watch someone who may be watching them. In order to watch, users must lend their own camera to the system. Bill Lindmeier created an app called File Party, a repository of files that have been randomly selected and uploaded from peoples’ hard-drive. In order to view the files, you have to upload one yourself.
In a unit on computer vision and linguistic analysis, students were paired up and asked to create a chat application that provided a filter or adapter that improved their interaction. Realizing how much is lost in translation and accents, Tarana Gupta and Hanbyul Jo developed a video chat tool which allows users to talk in their respective language and and displays in real-time text and images corresponding to what is being said.
In FlapChat, Su Hyun Kim and Gal Sasson rethought the way we interact with the web camera, allowing users to flap their arms to fly around a virtual environment while chatting.
Overall, the most successful moments in the class were the ones where students had an opportunity to examine an otherwise common technology or interaction from a new perspective. Short in-class exercises like “ask a stranger to use their phone, and do something unexpected” gave students a reference point for discussion. The “HPI” assignment gave students an unusual challenge of “performing” something for a week, lead to its own set of difficulties and realizations that are distinct from purely technical or aesthetic exercises. On the first day of class a contract was handed out requiring that students respect others’ positions in class, and take responsibility for any actions outside of class. This created a unfamiliar atmosphere and opened up the students to question their freedoms and responsibilities towards each other. In the future, each two- or three-week section might be expanded to fit a whole semester. Of particular interest were the computer vision, security and surveillance, and mobile platforms sections. Leftover discussion from security and surveillance spilled into the next week, and assignments for mobile platforms could have been taken far beyond the proof-of-concept or design-only stages. More information about the class, including the complete syllabus, reading lists, and some example code, is available on GitHub. A condensed version of this class will be taught in January at GAFFTA in San Francisco, details will be announced soon with more information here.
About the Tutors: Kyle McDonald is a media artist who works with code, with a background in philosophy and computer science. He creates intricate systems with playful realizations, sharing the source and challenging others to create and contribute. Kyle is a regular collaborator on arts-engineering initiatives such as openFrameworks, having developed a number of extensions which provide connectivity to powerful image processing and computer vision libraries. For the past few years, Kyle has applied these techniques to problems in 3D sensing, for interaction and visualization, starting with structured light techniques, and later the Kinect. Kyle’s work ranges from hyper-formal glitch experiments to tactical and interrogative installations and performance. He was recently Guest Researcher in residence at the Yamaguchi Center for Arts and Media, Japan, and is currently adjunct professor at ITP. Lauren McCarthy is an artist and programmer based in Brooklyn, NY. She is adjunct faculty at RISD and NYU ITP, and a current resident at Eyebeam. She holds an MFA from UCLA and a BS Computer Science and BS Art and Design from MIT. Her work explores the structures and systems of social interactions, identity, and self-representation, and the potential for technology to mediate, manipulate, and evolve these interactions. She is fascinated by the slightly uncomfortable moments when patterns are shifted, expectations are broken, and participants become aware of the system. Her artwork has been shown in a variety of contexts, including the Conflux Festival, SIGGRAPH, LACMA, the Japan Media Arts Festival, the File Festival, the WIRED Store, and probably to you without you knowing it at some point while interacting with her.
Related Links:
Posted by Patrick Keller
in Culture & society, Interaction design
at
09:23
Defined tags for this entry: code, communication, culture & society, economy, hack, interaction design, politics, research, social
Wednesday, March 20. 2013DRM Chair – Chair that self-destructs after 8 uses
-----
Created by ECAL‘s past and present students, DRM Chair provides a limited number of use before it self-destructs. A small sensor detects when someone sits and decrements a counter. Every time someone stands up, the chair knocks a number of time to signal how many uses are left. When reaching zero, the self-destruct system is turned on and the structural joints of the chair are melted. The number of use was set to 8, so everyone could sit down and enjoy a single time the chair. The cast-wax block is embedded with nichrome wire, the sensor made with Arduino counts the people and number 8 is reached the system is turned on. The project is an entry for thedeconstruction.org and made in 48 hours by Gianfranco Baechtold, Laurent Beirnaert, Pierre Bouvier, Thibault Brevet, Raphaël Constantin, Lionel Dalmazzini, Edina Desboeufs, Arthur Desmet and Thomas Grogan More about the project here.
Related Links:Personal comment:
And of course, we would be all delighted to buy such a product, and buy it expensive, several times, don't we?
Posted by Patrick Keller
in Design, Interaction design
at
15:07
Defined tags for this entry: culture & society, design, design (products), economy, interaction design
Wednesday, May 02. 2012Kickstart this!
Archinect opened a page on Kickstarter with curated content. Check it out to see if you want to help build an eco-pool in NYC, to support Raumlabor to build an inflatable or David Lynch to be documented! Or else...
Tuesday, July 19. 2011La mort d'internet se confirme un peu plus à BruxellesVia Numerama ----- Par Guillaume Champeau - publié le Lundi 18 Juillet 2011 à 10h39 - posté dans Télécoms
Les grands patrons des télécoms réunis par Bruxelles pour plancher sur les modes de financement du très haut débit à court terme dans l'Union Européenne ont accouché, sans surprise, d'une série de propositions qui enterrent la neutralité du net au profit d'un accès à plusieurs internets, plus ou moins riches selon l'abonnement payé. Des propositions qui enfoncent la porte déjà ouverte par la Commission Européenne.
Souvenez-vous. C'était en mars dernier. Sans grand bruit, la Commission Européenne réunissait à Bruxelles près d'une quarantaine de grands patrons des télécoms : Steve Jobs (Apple), Xavier Niel (Free), Stéphane Richard (Orange), Jean-Phillipe Courtois (Microsoft), Jean-Bernard Lévy (Vivendi), Stephen Elop (Nokia),.. La réunion avait pour but de demander aux industriels comment, selon eux, "assurer au mieux les investissements de très haut niveau du secteur privé nécessaires pour le déploiement des réseaux haut-débit de prochaine génération pour maintenir la croissance d'internet". La Commission souhaite en effet rendre possible l'objectif fixé par l'Agenda Numérique de l'Europe, qui prévoit que tous les Européens aient accès à Internet à 30 Mbps minimum d'ici 2020, et au moins la moitié d'entre eux à 100 Mbps. Pour élaborer les propositions, un groupe de pilotage composé avait été désigné, composé par Jean-Bernard Lévy de Vivendi, Ben Verwaayen d'Alcatel-Lucent, et René Obermann de Deutsche Telekom. "Preuve qu'il y a dès la composition du groupe la volonté de trouver un équilibre entre le financement des réseaux et le financement des contenus, ce qui n'est jamais très bon signe pour la neutralité du net", pressentions-nous alors. Le résultat est encore pire que nos craintes de l'époque, et confirme la tendance exprimée par la Commission Européenne le mois dernier, lorsqu'elle a dit vouloir privilégier le libre marché à la défense de la neutralité du net.
11 propositions pour enterrer la neutralité des réseaux Lors d'une seconde réunion le 13 juillet dernier, les trois compères ont en effet remis une série de 11 propositions, insoutenables pour les partisans de la neutralité du net. Prenant l'objectif européen comme une aubaine pour prétendre que le déploiement du très haut-débit à court terme ne peut se faire sur les mêmes bases que précédemment, le groupe conclut que l'Europe "doit encourager la différenciation en matière de gestion du trafic pour promouvoir l’innovation et les nouveaux services, et répondre à la demande de niveaux de qualité différents". Il s'agit donc de faire payer plus cher ceux qui souhaitent accéder sans bridage à certains services qui demandent davantage de bande passante, ou "une moindre latence, ce qui est capital dans le jeu vidéo", explique le patron de Vivendi à la Tribune. Il est aussi clairement envisagé de permettre aux éditeurs de services d'acheter un accès privilégié aux abonnés à Internet, pour que leur service soit plus rapide que celui des concurrents qui ne paieraient pas la dîme. "La valorisation du potentiel des marchés bifaces apportera plus d’innovation, d’efficacité et un déploiement plus rapide des réseaux de nouvelle génération, au bénéfice des consommateurs et des industries créatives", croit pouvoir affirmer le groupe de travail. Par ailleurs, il justifie l'absence de représentants d'organisations de citoyens et de consommateurs parmi la quarantaine de dirigeants consultés par Bruxelles. "Les intérêts à long terme des consommateurs coïncident avec la promotion de l’innovation et l’investissement". Ils n'ont qu'à subir la mort de la neutralité du net, c'est au final dans leur intérêt, assurent les patrons des télécoms. Dans La Tribune, Jean-Bernard Lévy raconte que la réunion du 13 juillet s'est "formidablement mieux passée que l'on ne pensait", et qu'elle a parmi de découvrir "un degré de consensus remarquable et inattendu entre ces acteurs de toute la chaîne de valeur, opérateurs, fabricants, agrégateurs, éditeurs de chaînes, etc". En oubliant, au passage, que les internautes sont les premiers acteurs de cette chaîne de valeur. Non seulement parce qu'ils payent leur accès à Internet. Mais aussi parce qu'ils sont aujourd'hui, et de très loin, les premiers producteurs des contenus qui y circulent.
Personal comment: This can't be good... (Thanks Nicolas for the link)
Posted by Patrick Keller
in Culture & society, Science & technology
at
08:18
Defined tags for this entry: brand, control, culture & society, economy, internet, public, science & technology
Thursday, March 31. 2011Islands at the Speed of LightVia BLGDBLOG ----- by noreply@blogger.com (Geoff Manaugh)
A recent paper published in the Physical Review has some astonishing suggestions for the geographic future of financial markets. Its authors, Alexander Wissner-Grossl and Cameron Freer, discuss the spatial implications of speed-of-light trading. Trades now occur so rapidly, they explain, and in such fantastic quantity, that the speed of light itself presents limits to the efficiency of global computerized trading networks.
Historically, technologies for transportation and communication have resulted in the consolidation of financial markets. For example, in the nineteenth century, more than 200 stock exchanges were formed in the United States, but most were eliminated as the telegraph spread. The growth of electronic markets has led to further consolidation in recent years. Although there are advantages to centralization for many types of transactions, we have described a type of arbitrage that is just beginning to become relevant, and for which the trend is, surprisingly, in the direction of decentralization. In fact, our calculations suggest that this type of arbitrage may already be technologically feasible for the most distant pairs of exchanges, and may soon be feasible at the fastest relevant time scales for closer pairs. For more, read the original paper: PDF.
Posted by Patrick Keller
in Science & technology, Territory
at
13:42
Defined tags for this entry: communication, economy, globalization, information, infrastructure, science & technology, territory
Wednesday, November 03. 2010Time/Store - Grand OpeningVia art agenda -----
Time/Bank and e-flux are pleased to announce the grand opening of the Time/Store at 41 Essex Street, New York City.
Personal comment: This is a strange coincident event whith an exhibition by french artists Christophe Berdaguer & Marie Péjus that takes its inspiration in the same subjet (Time Store project by anarchist Josiah Warren), here in Lausanne at the gallery Circuit. A way to say that it's worth to visit it! Thursday, October 07. 2010Information, data, ecologies, globalization and economicsHow Globalization Is Bad for the World EconomyEvolutionary theory predicts that globalization should increase the risk of recession and slow recovery rates, a phenomenon borne out by real data, say econophysicists.
![]() Biologists have long puzzled over the modular structure of living things, a module being a structure that can function relatively independently from other parts of the system. So a module might be an ecology, a society within that ecology, an individual animal, an organ, a cell within that organ, a gene within that cell, and so on.
Nature simply wreaks of modularity throughout its hierarchy. The question, until recently, was why. A couple of years back, Jun Sun and Michael Deem, a couple of of physicists at Rice University in Houston, came up with an answer. They said modularity allows a system to more easily evolve and reduces the chances of catastrophic collapse due to some kind of outside influence, such as climate change or disease.
They went to show that modularity emerges spontaneously in a evolutionary algorithms that change relatively slowly and swap information.
Today Deem and Jiankui He, also at Rice, apply this idea to the global trade network. Their hypothesis is that this network evolves in exactly the same way as natural systems, or at least, that it is constrained in the same way by the rate at which it changes, the fact that information flows within it.
That implies that modular structures ought to form spontaneously on all kinds of scales within this network. And indeed they do in the form of companies, trade groups, countries and so on.
However, globalization is a process that reduces modularity because it encourages an equality of trade between entities in different parts of the world. But in naturally evolved systems, far from increasing the robustness of the system to perturbations, a drop in modularity decreases it. Deem and He hypothesise that the same thing happens in the gobal trade network.
What's surprising is that their idea is actually borne out by the data. They've studied the nature of various global recessions since 1969 and say that the increase in globalization makes the global economy less stable. What's more, when a recession does hit, the recovery becomes slower as globalization increases.
The explanation is that modularity allows a hierarchy to form within a system and this helps a system to recover when trouble strikes. If this structure is absent or reduced in form, then the recovery is slower. Globalization seems to discourage the formation of the kind of trade groups that would form these structures.
Deem and He say the global economy is actually more fragile today than it was 40 years ago.
They also make a prediction. They say that a recession should encourage the formation hierarchies at least temporarily. What they mean is the formation of trade groups who trade preferentially with each other.
That doesn't sound too far fetched and given that the global economy is currently attempting to lift itself out of recession it shouldn't be too hard to test either.
Ref: arxiv.org/abs/1010.0410: Structure and Response in the World Trade Network
Personal comment:
Again, how globalization is considered to create depletion (in societies, ecologies, culture, etc.). And it looks to be true in most contexts.
(Page 1 of 2, totaling 16 entries)
» next page
|
fabric | rblgThis blog is the survey website of fabric | ch - studio for architecture, interaction and research. We curate and reblog articles, researches, writings, exhibitions and projects that we notice and find interesting during our everyday practice and readings. Most articles concern the intertwined fields of architecture, territory, art, interaction design, thinking and science. From time to time, we also publish documentation about our own work and research, immersed among these related resources and inspirations. This website is used by fabric | ch as archive, references and resources. It is shared with all those interested in the same topics as we are, in the hope that they will also find valuable references and content in it.
QuicksearchCategoriesCalendar
Syndicate This BlogBlog Administration |