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Monday, September 11. 2023 14:29
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Tuesday, October 04. 2016L’Anthropocène et l’esthétique du sublime | #stupéfaction #bourgeoisie
Note: j'avais évoqué récemment cette idée du sublime dans le cadre d'un workshop à l'ECAL, avec pour invités Random International. Il s'agissait alors d'intervenir dans le cadre d'un projet de recherche où nous visions à développer des "contre-propositions" à l'expression actuelle de quelques-unes de nos infrastructures contemporaines, "douces" et "dures". Le "cloud computing" et les data-centers en particulier (le projet en question, en cours et dont le processus est documenté sur un blog: Inhabiting & Interfacing the Cloud(s)). Un projet conduit en collaboration avec Nicolas Nova de la HEAD - Genève Tout cela s'était développé autour du sentiment d'une technologie, qui mettant aujourd'hui de nouveau "à distance" ses utilisateurs, contribuerait au développement de "croyances" (dimension "magique") et dans certains cas, à la résurgence du sentiment de "sublime", cette fois non plus lié aux puissances natutrelles "terrifiantes", mais aux technologies développées par l'homme. Je n'avais pas fait le lien avec cette thématique très actuelle de l'Anthropocène, que nous avions toutefois déjà commentée et pointée sur ce blog. C'est fait dorénavant avec beaucoup de nuances par Jean-Baptiste Fressoz. Non sans souligner que "(...) cette opération esthétique, au demeurant très réussie, n’est pas sans poser problème car ce qui est rendu sublime ce n’est évidemment pas l’humanité, mais c’est, de fait, le capitalisme". ... On peut aussi se souvenir qu'en 1990 déjà, Michel Serres écrivait dans son livre Le Contrat Naturel:
Texte que nous avions par ailleurs cité avec fabric | ch dans l'un de nos premiers projets, Réalité Recombinée, en 1998.
Via Mouvements (via Nicolas Nova) ----- Par Jean-Baptiste Fressoz
Olafur Eliasson à la Tate Modern.
Pour Jean-Baptiste Fressoz, la force de l’idée d’Anthropocène n’est pas conceptuelle, scientifique ou heuristique : elle est avant tout esthétique. Dans cet article, l’auteur revient, pour en pointer les limites, sur les ressorts réactivés de cette esthétique occidentale et bourgeoise par excellence [note: le sublime], vilipendée par différents courants critiques. Il souligne qu’avant d’embrasser complètement l’Anthropocène, il faut bien se rappeler que le sublime n’est qu’une des catégories de l’esthétique, qui en comprend d’autres (le tragique, le beau…) reposant sur d’autres sentiments (l’harmonie, la douleur, l’amour…), peut-être plus à même de nourrir une esthétique du soin, du petit, du local dont l’agir écologique a tellement besoin.
Aussi sidérant, spectaculaire ou grandiloquent qu’il soit, le concept d’Anthropocène ne désigne pas une découverte scientifique [1]. Il ne représente pas une avancée majeure ou récente des sciences du système-terre. Nom attribué à une nouvelle époque géologique à l’initiative du chimiste Paul Crutzen, l’Anthropocène est une simple proposition stratigraphique encore en débat parmi la communauté des géologues. Faisant suite à l’Holocène (12 000 ans depuis la dernière glaciation), l’Anthropocène est marquée par la prédominance de l’être humain sur le système-terre. Plusieurs dates de départ et marqueurs stratigraphiques afférents sont actuellement débattus : 1610 (point bas du niveau de CO2 dans l’atmosphère causé par la disparition de 90% de la population amérindienne), 1830 (le niveau de CO2 sort de la fourchette de variabilité holocénique), 1945 date de la première explosion de la bombe atomique. La force de l’idée d’Anthropocène n’est pas conceptuelle, scientifique ou heuristique : elle est avant tout esthétique. Le concept d’Anthropocène est une manière brillante de renommer certains acquis des sciences du système-terre. Il souligne que les processus géochimiques que l’humanité a enclenchés ont une inertie telle que la terre est en train de quitter l’équilibre climatique qui a eu cours durant l’Holocène. L’Anthropocène désigne un point de non retour. Une bifurcation géologique dans l’histoire de la planète Terre. Si nous ne savons pas exactement ce que l’Anthropocène nous réserve (les simulations du système-terre sont incertaines), nous ne pouvons plus douter que quelque chose d’importance à l’échelle des temps géologiques a eu lieu récemment sur Terre. Le concept d’Anthropocène a cela d’intéressant, mais aussi de très problématique pour l’écologie politique, qu’il réactive les ressorts de l’esthétique du sublime, esthétique occidentale et bourgeoise par excellence, vilipendée par les critiques marxistes, féministes et subalternistes, comme par les postmodernes. Le discours de l’Anthropocène correspond en effet assez fidèlement aux canons du sublime tels que définis par Edmund Burke en 1757. Selon ce philosophe anglais conservateur, surtout connu pour son rejet absolu de 1789, l’expérience du sublime est associée aux sensations de stupéfaction et de terreur ; le sublime repose sur le sentiment de notre propre insignifiance face à une nature lointaine, vaste, manifestant soudainement son omnipuissance. Écoutons maintenant les scientifiques promoteurs de l’Anthropocène :
« L’humanité, notre propre espèce, est devenue si grande et si active qu’elle rivalise avec quelques-unes des grandes forces de la Nature dans son impact sur le fonctionnement du système terre […]. Le genre humain est devenu une force géologique globale [2] ».
La thèse de l’Anthropocène repose en premier lieu sur les quantités phénoménales de matière mobilisées et émises par l’humanité au cours des XIXe et XXe siècles. L’esthétique de la gigatonne de CO2 et de la croissance exponentielle renvoie à ce que Burke avait noté : « la grandeur de dimension est une puissante cause du sublime [3] », et, ajoute-t-il, le sublime demande « le solide et les masses mêmes [4] ». De manière plus précise, l’Anthropocène reporte le sublime de la vaste nature vers « l’espèce humaine ». Tout en jouant du sublime, il en renverse les polarités classiques : la terreur sacrée de la nature est transférée à une humanité colosse géologique. Or, cette opération esthétique, au demeurant très réussie, n’est pas sans poser problème car ce qui est rendu sublime ce n’est évidemment pas l’humanité, mais c’est, de fait, le capitalisme. L’Anthropocène n’est certainement pas l’affaire d’une « espèce humaine », d’un « anthropos » indifférencié, ce n’est même pas une affaire de démographie : entre 1800 et 2000 la population humaine a été multipliée par sept, la consommation d’énergie par 50 et le capital, si on reprend les chiffres de Thomas Picketty, par 134 [5]. Ce qui a fait basculer la planète dans l’Anthropocène, c’est avant tout une vaste technostructure orientée vers le profit, une « seconde nature », faite de routes, de plantations, de chemins de fer, de mines, de pipelines, de forages, de centrales électriques, de marchés à terme, de porte-containers, de places financières et de banques et bien d’autres choses encore qui structurent les flux de matière et d’énergie à l’échelle du globe selon une logique structurellement inégalitaire. Bref, le changement de régime géologique est bien sûr le fait de « l’âge du capital [6] » bien plus que le fait de « l’âge de l’être humain » dont nous rebattent les récits dominants [7]. Le premier problème du sublime de l’Anthropocène est qu’il renomme, esthétise et surtout naturalise le capitalisme, dont la force se mesure dorénavant à l’aune des manifestations de la première nature – les volcans, la tectonique des plaques ou les variations des orbites planétaires – que deux siècles d’esthétique du sublime nous avaient appris à craindre mais aussi à révérer. Au sublime de la quantité, l’Anthropocène ajoute le sublime géologique des âges et des éons, duquel il tire ses effets les plus saisissants. La thèse de l’Anthropocène nous dit en substance que les traces de notre âge industriel resteront pour des millions d’années dans les archives géologiques de la planète. Le fait d’ouvrir une nouvelle époque taillée à la mesure de l’être humain signifie que c’est à l’échelle des temps géologiques seulement que l’on peut identifier des événements agissant avec autant de force sur la planète que nous-mêmes : le taux de dioxyde de carbone en 2015 est sans précédent depuis trois millions d’années, le taux actuel d’extinction des espèces, depuis 65 millions d’années, l’acidité des océans, depuis 300 millions d’années, etc. Ce que nous vivons n’est pas une simple « crise environnementale », mais une révolution géologique d’origine humaine. Loin de constituer un cours extérieur, impavide et gigantesque, le temps de la Terre est devenu commensurable au temps de l’agir humain. En deux siècles tout au plus, l’humanité a altéré la dynamique du système-terre pour l’éternité ou presque. « Tout ce qui fait transition n’excite aucune terreur [8] » écrivait Burke. Le discours de l’Anthropocène cultive cette esthétique de la soudaineté, de la bifurcation et de l’événement. Le sublime de l’Anthropocène réside précisément dans cette rencontre extraordinaire : deux siècles d’activité humaine, une durée infime, quasi-nulle au regard de l’histoire terrienne, auront suffi à provoquer une altération comparable au grand bouleversement de la fin du Mésozoïque il y a 65 millions d’années. La troisième source du sublime anthropocénique est le sublime de la violence souveraine de la nature, celle des tremblements de terre, des tempêtes et des ouragans. Les promoteur·rice·s de l’Anthropocène mobilisent volontiers le sublime romantique des ruines, des civilisations disparues et des effondrements : « Les moteurs de l’Anthropocène pourraient bien menacer la viabilité de la civilisation contemporaine et peut-être même l’existence d’homo sapiens [9] ». Le succès artistique et médiatique du concept repose sur la « jouissance douloureuse », sur le « plaisir négatif » dont parle Burke :
« Nous jouissons à voir des choses que, bien loin de les occasionner, nous voudrions sincèrement empêcher… Je ne pense pas qu’il existe un·e ho·femme assez scélérat·e· pour désirer [que Londres] fût renversée par un tremblement de terre… Mais supposons ce funeste accident arrivé, quelle foule accourrait de toute part pour contempler ses ruines [10] ».
William Kentridge
L’Anthropocène s’appuie sur une culture de l’effondrement propre aux nations occidentales, qui, depuis deux siècles, admirent leur puissance en fantasmant les ruines de leur futur. L’Anthropocène joue des mêmes ressorts psychologiques que le plaisir pervers des décombres déjà décrit par Burke et qui nourrit la vogue actuelle du tourisme des catastrophes de Tchernobyl à ground zero. La violence de l’Anthropocène est aussi celle de la science hautaine et froide qui nomme les époques et définit notre condition historique. Violence, tout d’abord, de son diagnostic irrévocable : « toi qui entre dans l’Anthropocène abandonne tout espoir » semblent nous dire les savant·e·s. Violence ensuite de la naturalisation, de la « mise en espèce » des sociétés humaines : les statistiques globales de consommation et d’émissions compactent les mille manières d’habiter la terre en quelques courbes, effaçant par la même l’immense variation des responsabilités entre les peuples et les classes sociales. Violence enfin du regard géologique tourné vers nous-mêmes, jaugeant toute l’histoire (empires, guerres, techniques, hégémonies, génocides, luttes, etc.) à l’aune des traces sédimentaires laissées dans la roche. Le géologue de l’Anthropocène est plus effroyable encore que l’ange de l’histoire de Walter Benjamin qui, là même où nous voyions auparavant progrès, ne voyait que catastrophe et désastre : lui n’y voit que fossiles et sédiments. Que le sublime soit l’esthétique cardinale de l’Anthropocène n’est absolument pas fortuit : sublime et géologie se sont épaulés tout au long de leur histoire. En 1674, Nicolas Boileau traduit en français le traité de Longinus sur le sublime (1er siècle après J.-C.) introduisant ainsi cette notion dans l’Europe lettrée. Mais c’est seulement au milieu du XVIIIe siècle, après que la passion des montagnes et l’intérêt pour la géologie se sont cristallisés dans les classes supérieures, que la « grande nature » devient un objet de sublime [11]. Partis pour leur « grand tour », sur le chemin de l’Italie, les jeunes Anglais·es fortuné·e·s rencontrent en effet la chaîne des Alpes, ses pics vertigineux, ses glaciers terrifiants et ses panoramas immenses. Dans les récits de grands tours, l’expérience de l’effroi face à la nature représente le prix à payer pour goûter la beauté des trésors culturels de l’Italie. Le sublime joue ici un rôle de distinction : être capable de prendre du plaisir en contemplant les glaciers, ou les rochers arides, permettait aux touristes anglais·es de se différencier des guides et des paysan·e·s montagnard·e·s qui n’y voyaient que dangers et terres incultes. Mais c’est évidemment le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 qui fournit le véritable coup d’envoi des réflexions sur le sublime : Burke, qui publie son traité l’année suivante, fait référence à la passion esthétique des décombres et des ruines qui saisit alors l’Europe entière. La même année, Emmanuel Kant publie également un court ouvrage sur le tremblement de terre de Lisbonne et, dans son essai ultérieur sur le sublime, il définit ce dernier comme un « plaisir négatif » pouvant procéder de deux manières : le sublime mathématique ressenti devant l’immensité de la nature (l’espace étoilé, l’océan etc.) et le « sublime dynamique » procuré par la violence de la nature (tornade, volcan, tremblement de terre). Le sublime de l’Anthropocène, et sa mise en scène d’une humanité devenue force tellurique signe la rencontre historique du sublime naturel du XVIIIe siècle et du sublime technologique des XIXe et XXe siècles. Avec l’industrialisation de l’Occident, la puissance de la seconde nature fait l’objet d’une intense célébration esthétique. Le sublime transféré à la technique jouait un rôle central dans la diffusion de la religion du progrès : les gares, les usines et les gratte-ciels en constituaient les harangues permanentes [12]. Dès cette époque, l’idée d’un monde traversé par la technique, d’une fusion entre première et seconde natures fait l’objet de réflexions et de louanges. On s’émerveille des ouvrages d’art matérialisant l’union majestueuse des sublimes naturel et humain : viaducs enjambant les vallées, tunnels traversant les montagnes, canaux reliant les océans, etc. L’idée d’un globe remodelé pour les besoins de l’être humain et fertilisé par la technique constitue une trope classique du positivisme depuis Saint-Simon au moins, qui, dès 1820, écrivait : « l’objet de l’industrie est l’exploitation du globe, c’est-à-dire l’appropriation de ses produits aux besoins de l’homme, et comme, en accomplissant cette tâche, elle modifie le globe, le transforme, change graduellement les conditions de son existence, il en résulte que par elle, l’homme participe, en dehors de lui-même en quelque sorte, aux manifestations successives de la divinité, et continue ainsi l’œuvre de la création. De ce point de vue, l’Industrie devient le culte [13] ». De manière plus précise, l’Anthropocène s’inscrit dans une version du sublime technologique reconfigurée par la guerre froide. Il prolonge la vision spatiale de la planète produite par le système militaro-industriel américain, une vision déterrestrée de la Terre saisie depuis l’espace comme un système que l’on pourrait comprendre dans son entièreté, un « spaceship earth » dont on pourrait maîtriser la trajectoire grâce aux nouveaux savoirs sur le système-terre [14]. Le risque est que l’esthétique de l’Anthropocène nourrisse davantage l’hubris d’une géo-ingénierie brutale qu’un travail patient, à la fois modeste et ambitieux d’involution et d’adaptation du social. Pour mémoire, la géo-ingénierie désigne un ensemble de techniques visant à modifier artificiellement le pouvoir réfléchissant de l’atmosphère terrestre pour contrecarrer le réchauffement climatique. Cela peut constituer par exemple à injecter du dioxyde de soufre dans la haute atmosphère afin de réfléchir une partie du rayonnement solaire vers l’espace. L’échec des gouvernements à obtenir un accord international contraignant et ambitieux a contribué à mettre en avant la géo-ingénierie, en tant que « plan B ». Ces techniques potentiellement très risquées pourraient donc soudainement s’imposer en cas « d’urgence climatique ». Pour ses promoteur·rice·s, l’Anthropocène est une révélation, un éveil, un changement de paradigme désorientant soudainement les représentations vulgaires du monde.
« Par le passé, du fait de la science, l’humanité a dû faire face à de profondes remises en cause de leurs systèmes de croyance. Un des exemples les plus important est la théorie de l’évolution… Le concept d’anthropocène pourrait susciter une réaction hostile similaire à celle que Darwin a produite [15] ».
On retrouve ici le trope romantique du·de la savant·e· payant de sa personne pour lutter contre la foule hostile. En se coupant ainsi du passé et de la décence environnementale commune, en rejetant comme dépassés les savoirs environnementaux qui le précèdent ainsi que les luttes sociales que ces savoirs ont nourries, l’Anthropocène dépolitise l’histoire longue de la destruction de la planète. Avant on ignorait les conséquences globales de l’agir humain, maintenant l’on sait, et, bien entendu, maintenant l’on peut agir. La prétention à la nouveauté des savoirs sur la Terre est aussi une prétention des savants à agir sur celle-ci. Ce n’est pas un hasard si l’inventeur du mot Anthropocène, le prix Nobel de chimie Paul Crutzen, est aussi l’un des avocat·e·s des techniques de géo-ingénierie. À l’Anthropocène inconscient issu de la révolution industrielle succéderait enfin le « bon Anthropocène » éclairé par les savoirs du système-terre. Comme toute forme de scientisme, l’esthétique de l’Anthropocène anesthésie le politique : les « expert·e·s », les autorités vont « faire quelque chose ». Les expériences du sublime sont toujours à replacer dans un contexte historique et politique particulier. Elles renvoient à des émotions dépendantes des conditions culturelles, naturelles ou technologiques de chaque époque et ce sont ces conditions qui en fournissent les clés de compréhension politique. De la fin du XVIIIe siècle à la fin du siècle suivant, le sublime d’une nature violente et abstraite permettait aux classes bourgeoises urbaines de goûter à la violence de la nature, tout en étant relativement protégées de ses manifestations et de relativiser les dangers bien réels d’un mode de vie technologique et urbain. L’art du sublime nourrissait également le fantasme d’une nature immense et inépuisable au moment précis où l’impérialisme en exploitait les derniers recoins. Dans une culture prenant au sérieux le projet de maîtrise technique de la nature, l’esthétique du sublime fournissait aussi un plaisir légèrement coupable. Enfin, selon le critique marxiste Terry Eagleton, le sublime correspondait aux impératifs esthétiques du capitalisme naissant : contre l’esthétique émolliente du beau, risquant de transformer le sujet bourgeois en sensualiste décadent, le sublime réénergisait le sujet capitaliste comme exploiteur·se ou comme pourvoyeur de travail. Le beau devient à la fin du XVIIIe siècle l’harmonieux, le non-productif, le doux et le féminin ; le sublime : l’effort, le danger, la souffrance, l’élevé, le majestueux et le masculin. Au fond, le sublime, nous dit Eagleton, contenait la menace que la beauté faisait peser sur la productivité [16]. Au début des années 2000, le sublime de l’Anthropocène occupe également une fonction idéologique. Alors que les classes intellectuelles se convertissent au souci écologique, alors qu’elles rejettent les idéaux modernistes de maîtrise de la nature comme has been, alors qu’elles proclament « la fin des grands récits », la fin du progrès, de la lutte des classes, etc., l’Anthropocène procure le frisson coupable d’un nouveau récit sublime. Sur un fond d’agnosticisme quant au futur, l’Anthropocène paraît donner un nouvel horizon grandiose à l’humanité tout entière : prendre en charge collectivement le destin d’une planète. Dans le contexte idéologique terne de l’écologie politique, du développement durable et de la précaution, penser le mouvement d’une humanité devenue force tellurique paraît autrement plus excitant que penser l’involution d’un système économique. Au fond le sublime de l’Anthropocène rejoue assez exactement la scène finale du chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, 2001 l’Odyssée de l’espace : l’embryon stellaire contemplant la terre figurant parfaitement l’avènement d’un agent géologique conscient, d’un corps planétaire réflexif. Et c’est bien pour cela que l’Anthropocène fait tressaillir théoricien·ne·s, philosophes et artistes en herbe : il semble désigner un événement métaphysique intéressant. Pour l’écologie politique contemporaine, l’esthétique sublime de l’Anthropocène pose pourtant problème : en mettant en scène l’hybridation entre première et seconde natures, elle réénergise l’agir technologique des cold warriors (la géo-ingénierie) ; en déconnectant l’échelle individuelle et locale de ce qui importe vraiment (l’humanité force tellurique et les temps géologiques), elle produit sidération et cynisme (no future) ; enfin l’Anthropocène, comme tout autre sublime, est sujet à la loi des rendements décroissants : une fois que l’audience est préparée et conditionnée, son effet s’émousse. En ce sens, désigner une œuvre d’art comme « art de l’Anthropocène » serait absolument fatale à son efficacité esthétique. Le risque est que l’écologie du sublime soit alors appelée à une surenchère permanente, semblable en cela à la course à l’avant-garde dans l’art contemporain. Avant d’embrasser complètement l’Anthropocène, il faut bien se rappeler que le sublime n’est qu’une des catégories de l’esthétique, qui en comprend bien d’autres (le tragique, le beau, le pittoresque…) reposant sur d’autres sentiments (l’harmonie, l’ataraxie, la tristesse, la douleur, l’amour), qui sont peut-être plus à même de nourrir une esthétique du soin, du petit, du local, du contrôle, de l’ancien et de l’involution dont l’agir écologique a tellement besoin.
[1] Cet article reprend sous une forme modifiée un texte déjà paru dans le catalogue de l’exposition Sublime. Les tremblements du monde, Centre Pompidou-Metz, Metz, Centre Pompidou-Metz, 2016. [2] W. Steffen, J. Grinevald, P. Crutzen, J. McNeill, « The Anthropocene : conceptual and historical perspectives », Philosophical transactions of the Royal Society A, 369, 2011, p. 842–867. [3] E. Burke, Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau, Paris, Pichon, 1803 (1757), p. 129. [4] Ibid., p. 225. [5] T. Piketty, Le capital au XXIe siècle, Paris, Seuil, 2013. [6] E. Hobsbawm, The Age of Capital : 1848-1975, London, Weindefeld, 1975. [7] Voir le chapitre « capitalocène » de la nouvelle édition de C. Bonneuil, J.-B. Fressoz, L’événement Anthropocène. La terre, l’histoire et nous, Paris, Seuil, 2016. [8] E. Burke, op. cit. p. 151. [9] W. Steffen et al., art. cit. [10] E. Burke, op. cit., p. 85. [11] M. Hope Nicholson, Mountain gloom and mountain glory: The development of the aesthetics of the infinite, Ithaca, Cornell University Press, 1959. [12] D. Nye, American technological sublime, Cambridge (MA), MIT Press, 1994. [13] Saint-Simon, Doctrine de Saint-Simon, t. 2, Paris, Aux Bureaux de l’Organisateur, 1830, p. 219. [14] C. Bonneuil, J.-B. Fressoz, op. cit. ; S. Grevsmühl, La Terre vue d’en haut. L’invention de l’environnement global, Paris, Seuil, 2014. [15] W. Steffen et al., art. cit. [16] Terry Eagleton, The Ideology of the Aesthetic, Oxford, Basil Blackwell, 1990.
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Monday, July 18. 2016In the future, there will be no such thing as a "straight photograph" | #photography #data
Note: published a little while ago, this article from Time magazine ("The Next Revolution in Photography Is Coming") makes a fascinating point about the changing nature of photography. Even so the article mostly talks about journalism photography. An interesting analysis by Stephen Mayes that shows how far photography is becoming data capture (sensing)... as much --or even more-- as it is visual capture. We should certainly discuss further around this question with the scientists that are writing the algorithms of photography. Yet as stated in the paper, a camera is slowly becoming primarily a "data-collecting device" and the image reconstructed from these data (by algorithms then) a last "grip on the belief in the image as an objective record". This comes in resonance with our scholar understanding of photography as the media that was once believed or phantasized of being able to "capture reality", as it is. The early cinema carried later the same kind of beliefs. And we could then think again about this fantastic novel by Adolfo Bioy Casares (The Invention of Morel, 1940) that was extrapolating around these myths (of being able to fully record and register the "present", then replay it, entirely). Today, this belief in our ability to "fully record the real" or digg into its recorded past (some big data projects) has a tendency to be transferred into data capture (and I obviously publish this post on purpose just after the presentation of an architecture project by fabric | ch that largely used and played around this idea of recording the present and that followed an installation around the same idea, through data). So the connection that is made in this paper between photography and data capture is full of epistemological interests!
Via Time -----
In the future, there will be no such thing as a "straight photograph"
It’s time to stop talking about photography. It’s not that photography is dead as many have claimed, but it’s gone. Just as there’s a time to stop talking about girls and boys and to talk instead about women and men so it is with photography; something has changed so radically that we need to talk about it differently, think of it differently and use it differently. Failure to recognize the huge changes underway is to risk isolating ourselves in an historical backwater of communication, using an interesting but quaint visual language removed from the cultural mainstream. The moment of photography’s “puberty” was around the time when the technology moved from analog to digital although it wasn’t until the arrival of the Internet-enabled smartphone that we really noticed a different behavior. That’s when adolescence truly set in. It was surprising but it all seemed somewhat natural and although we experienced a few tantrums along the way with arguments about promiscuity, manipulation and some inexplicable new behaviors, the photographic community largely accommodated the changes with some adjustments in workflow. But these visible changes were merely the advance indicators of deeper transformations and it was only a matter of time before people’s imagination reached beyond the constraints of two dimensions to explore previously unimagined possibilities. And so it is that we find ourselves in a world where the digital image is almost infinitely flexible, a vessel for immeasurable volumes of information, operating in multiple dimensions and integrated into apps and technologies with purposes yet to be imagined. Digital capture quietly but definitively severed the optical connection with reality, that physical relationship between the object photographed and the image that differentiated lens-made imagery and defined our understanding of photography for 160 years. The digital sensor replaced to optical record of light with a computational process that substitutes a calculated reconstruction using only one third of the available photons. That’s right, two thirds of the digital image is interpolated by the processor in the conversion from RAW to JPG or TIF. It’s reality but not as we know it. For obvious commercial reasons camera manufacturers are careful to reconstruct the digital image in a form that mimics the familiar old photograph and consumers barely noticed a difference in the resulting image, but there are very few limitations on how the RAW data could be handled and reality could be reconstructed in any number of ways. For as long as there’s an approximate consensus on what reality should look like we retain a fingernail grip on the belief in the image as an objective record. But forces beyond photography and traditional publishing are already onto this new data resource, and culture will move with it whether photographers choose to follow or not.
As David Campbell has pointed out in his report on image integrity for the World Press Photo, this requires a profound reassessment of words like “manipulation” that assume the existence of a virginal image file that hasn’t already been touched by computational process. Veteran digital commentator Kevin Connor says, “The definition of computational photography is still evolving, but I like to think of it as a shift from using a camera as a picture-making device to using it as a data-collecting device.”
The differences contained in the structure and processing of a digital file are not the end of the story of photography’s transition from innocent childhood to knowing adulthood. There is so much more to grasp that very few people have yet grappled with the inevitable but as yet unimaginable impact on the photographic image. Taylor Davidson has described the camera of the future as an app, a software rather than a device that compiles data from multiple sensors. The smartphone’s microphone, gyroscope, accelerometer, thermometer and other sensors all contribute data as needed by whatever app calls on it and combines it with the visual data. And still that’s not the limit on what is already bundled with our digital imagery. Our instruments are connected to satellites that contribute GPS data while connecting us to the Internet that links our data to all the publicly available information of Wikipedia, Google and countless other resources that know where we are, who was there before us and the associated economic, social and political activity. Layer on top of that the integration of LIDAR data (currently only in some specialist apps) then apply facial and object recognition software and consider the implication of emerging technologies such as virtual reality, semantic reality and artificial intelligence and one begins to realize the mind-boggling potential of computational imagery. Things will go even further with the development of curved sensors that will allow completely different ways to interpret light, but that for the moment remains an idea rather than a reality. Everything else is already happening and will become increasingly evident as new technologies roll out, ushering us into a very different visual culture with expectations far beyond simple documentation. Computational photography draws on all these resources and allows the visual image to create a picture of reality that is infinitely richer than a simple visual record, and with this comes the opportunity to incorporate deeper levels of knowledge. It won’t be long before photographers are making images of what they know, rather than only what they see. Mark Levoy, formerly of Stanford and now of Google puts it this way, “Except in photojournalism, there will be no such thing as a ‘straight photograph’; everything will be an amalgam, an interpretation, an enhancement or a variation – either by the photographer as auteur or by the camera itself.” As we tumble forwards into these unknown territories there’s a curious throwback to a moment in art history when 100 years ago the Cubists revolutionized ways of seeing using a very similar (albeit analog) approach to what they saw. Picasso, Braque and others deconstructed the world and reassembled it not in terms of what they saw, but rather in terms of what they knew using multiple perspectives to depict a deeper understanding. While the photographic world wrestles with even such basic tools as Photoshop there is no doubt that we’re moving into a space more aligned with Cubism than Modernism. It will not be long before our audiences demand more sophisticated imagery that is dynamic and responsive to change, connected to reality by more than a static two-dimensional rectangle of crude visual data isolated in space and time. We’ll look back at the black-and-white photograph that was the voice of truth for nearly a century, as a simplistic and incomplete source of information about what was happening in the world. Some will consider this a threat, seeing only the danger of distortion and undetectable fakery and it’s certainly true that we’ll need to develop new measures by which to read imagery. We’re already highly skilled in distinguishing probable and improbable information and we know how to read written journalism (which is driven entirely by the writer’s imaginative ability to interpret reality in symbolic form) and we don’t confuse advertising imagery with documentary, nor the photo illustration on a magazine’s cover with the reportage inside. Fraud will always be a risk but with over a century of experience we’ve learned that we can’t rely on the mechanical process to protect us. New conventions will emerge and all the artistry that’s been developed since the invention of photography will find richer and deeper opportunities to express information, ideas and emotions with no greater risk to truth than we currently experience. The enriched opportunities for storytelling will allow greater complexity that’s closer to reality than the thinned-down simplification of 20th Century journalism and will open unprecedented connection between the subject and the viewer. The twist is that new forces will be driving the process. The clue is in what already occurred with the smartphone. The revolutionary change in photography’s cultural presence wasn’t led by photographers, nor publishers or camera manufacturers but by telephone engineers, and this process will repeat as business grasps the opportunities offered by new technology to use visual imagery in extraordinary new ways, throwing us into new and wild territory. It’s happening already and we’ll see the impact again and again as new apps, products and services hit the market. We owe it to the medium that we’ve nurtured into adolescence to stand by it and support it in adulthood even though it might seem unrecognizable in its new form. We know the alternative: it will be out the door and hanging with the wrong crowd while we sit forlornly in the empty nest wondering what we did wrong. The first step is to stop talking about the child it once was and to put away the sentimental memories of photography as we knew it for all these years.
It’s very far from dead but it’s definitely left the building.
Tuesday, January 15. 2013"Arctic Opening, by fabric | ch", Bracket [Goes Soft] (ed. N. Bhatia, L. Sheppard), Actar (New York, 2013)
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Monday, February 21. 2011French Firm Quarks Designs Paint That Turns Entire Wall Into Light SwitchVia nexus404 ----- While the bedside table and lamp has been a staple of our lives since there was such a thing as a bed and a table, there is now a new invention being floated around by French firm Quarks that may make it obsolete. With Quarks’ new paint, the entire wall acts as an on and off switch meaning that you no longer need to put a lamp close enough for you to reach over and turn off. The On/Off Paint will record a single touch and carry an electric current that will turn a device on or off. The best part of the paint is that it does not take a great deal of wiring in order to make it work, simply determine the area you want to paint and as long as it is around a plug you’ll be able to touch any part of that area. While this isn’t currently available in the United States, if the company knows what’s good for it, the On/Off Switch Paint will be here soon.
Friday, April 30. 2010Cyberwalk lets you walk endlessly through virtual worldsVia DVice A group of researchers at the Max Planck Institute for Biological Cybernetics, in Tubingen, Germany, has the beginnings of a real world answer. The Cyberwalk platform is a large omni-directional treadmill that allows you to walk naturally through virtual worlds without experiencing any spacial limits. Using a Vicon motion-capture system, the platform has the ability to adapt in real time to the direction and speed of the walker.
Tuesday, January 19. 2010Google To Replace Billboards With Adsense In Google EarthGoogle Street View is a great resource from Google, but sometimes the pictures can be months or years out of date. This means that billboards in Street View are often outdated and different – until now. Google has filed a patent in the United States that would let them place their own ads – observably something similar to AdSense – over the old, real life billboards. Google’s patent filing mentions modernizing certain ads – like if a movie theatre owner wants to purchase ad space so the movie posters outside his theatre are modernized to reflect current movies (Avatar) instead of ones from 9 months ago (Monsters vs. Aliens). But these are the only uses that Google sees for these virtual adspaces. Part of the patient mentions an auction system, where advertisers could bid over the rights to place their ads over the top of old billboards. This could lead to legal issues – like a restaurant buying a prime billboard over a rival. Of course, there is the legal issue of the billboard owners getting upset about Google making money on their billboards – but they don’t have a case. In 2002, the USA Today paid Sony Pictures Entertainment for placement in the Spider-Man movie. In the movie, when Spidey was swinging through Times Square, the film’s editors digitally removed a Samsung ad and turned it into a USA Today ad. Samsung, the ad company, and the building’s owner sued Sony Pictures Entertainment, but a court ruled that it was legal. Billboards are big money, and Google will likely be sued by some enterprising billboard company – but they’ve got legal percent on their side. Of course, this may never come out at all. A Google spokesman told the UK’s Telegraph: “We file patent applications on a variety of ideas that our employees come up with. Some of those ideas later mature into real products or services, some don’t. Prospective product announcements should not necessarily be inferred from our patent applications.” Tuesday, June 09. 2009Living in the futureIn Receiver #14, James Katz wrote an interesting article entitled “The future of a futuristic device” where he describes why lots of people perceive the mobile phone to be a futurist tool, and what they might want in their phones. An interesting part of the paper deals with how early adopters say that having the most advanced mobile phone technology makes them feel like they are living in the future:
Why do I blog this? what the future is can definitely be seen as a social construct. Perhaps some good material here for some of a student I am working with on the role of imagination in design. ----- Via Pasta & Vinegar Personal comment:
Une nouvelle maladie techno-psychologique? Monday, September 01. 2008"fabric | ch", Hatch – The New Architecture Genreation (ed. K. Long, London, 2007)
Posted by Patrick Keller
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