par Astrid Girardeau
Centre serveur de Google dans l’Oregon - Jason Bettineski
Alors que Google annonçait la mise en ligne de son nouveau favicon, la fête et la couverture médiatique ont été gâchées par la publication d’un article du Times sur l’empreinte écologique des requêtes sur le moteur de recherche. Il rapporte une nouvelle étude d’Alex Wissner-Grossselon, physicien à l’Université de Harvard (Massachusetts), selon qui chaque requête génèrerait 7 grammes d’émission de carbone. Soit une consommation énergétique équivalant à près de la moitié de ce que nécessite une bouilloire électrique pour préparer le thé (15 grammes). Une comparaison imagée parlante, mais « beaucoup trop élevée » selon le géant américain qui a publié hier une réponse sur son blog .
« Google est très efficace, mais sa principale préoccupation est de faire des recherches rapides, ce qui nécessite de brûler de l’énergie », explique Wissner-Grossselon. Selon le jeune physicien, cela serait dû à la structure même de Google qui, pour fournir aux internautes la réponse la plus rapide possible, n’envoie pas forcément les requêtes au serveur le plus proche, mais « peut l’envoyer à des serveurs situés à des milliers de kilomètres ». Ce qui, au passage, est la base du fonctionnement même d’Internet. Si l’article est centré sur l’annonce de ces 7 grammes, il ne détaille pas comment ils ont été calculés, ni comment ils se répartissent entre la consommation de l’ordinateur, celle du transfert des données, et enfin celle des serveurs. Il précise seulement que, selon Wissner-Grossselon, la simple consultation d’une page web nécessiterait entre 0,02 grammes d’émission de carbone par seconde pour un contenu simple et 0,2 grammes pour une page avec images, animations et/ou vidéos.
« 0,2 grammes », c’est justement le chiffre repris par Urs Hölzle, chercheur suisse en charge de l’environnement chez Google, dans sa réponse sur le blog officiel de la compagnie. Jouant à son tour de la comparaison, il explique qu’une recherche moyenne prend moins de 0.2 secondes pour afficher les résultats, ce qui correspond à 1 kj (kilojoule) alors que le corps humain en consomme environ 8000 par jour. Hölzle en profite également pour rappeler les efforts et investissements de Google en matière d’écologie. Car si cette dernière est très critiquée sur le manque de transparence autour de ses serveurs de données, elle se présente, depuis plusieurs années déjà, comme une société engagée sur les questions de développement durable et de lutte contre le réchauffement. « Pour une implantation, nous prenons en compte une cinquantaine de facteurs, et l’environnement en est un des premiers », nous expliquait ainsi Hölzle en juin 2007.« Google sera neutre en termes d’émission de CO2 en 2008 » déclarait-il également devant la presse internationale.
Ce dernier citait également une étude Gartner prévoyant que « les coûts énergétiques pourraient prochainement représenter 50 % du budget des entreprises high-tech gérant des centres de données, contre 10 % aujourd’hui. » La question de l’impact écologique de Google, et plus globalement d’Internet et du parc informatique, est soulevée depuis longtemps. Et si l’étude d’Alex Wissner-Grossselon a le mérite de la remettre au cœur de l’actualité, il faut cependant souligner que le physicien est également co-fondateur d’une start-up, CO2Stats, qui aide les sites Internet à devenir plus vert. Une information un peu trop rapidement expédiée par le Times, selon Jason Kincaid de TechCrunch qui juge l’article « alarmiste ». Egalement dans la comparaison, il poursuit : « contrairement aux 4x4, le web aide les gens à se connecter et à enrichir l’humanité. Il est bon d’encourager par tous les moyens les sociétés du web à devenir les plus neutres possible en matière de carbone, mais ne rendez pas les consommateurs soucieux de leur consommation énergétique apeurés par leur navigateur. »
Maj du 13/01/2009 : Hier, Wissner-Gross a démenti être à l’auteur des « 7 grammes » et de la comparaison avec la bouilloire électrique. « Notre travail n’a rien à voir avec Google. On a travaillé sur le web en général, et trouvé qu’en moyenne, visiter une page web émettait 20 milligrammes de carbone par seconde » a-t-il indiqué.
Sur le même sujet :
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Via Libération
Personal comment:
Très difficile de faire un bilan énergétique de l'ensemble. Il faudrait prendre en compte le caractère "néguentropique" de l'information (voir ici les théories de l'information de Claude Shannon).
Mais il est certain que de pouvoir connaître la consommation énergétique moyenne de l'ensemble du réseau serait déjà un pas en avant, puisque le domaine devra aussi fournir ses propres efforts dans la diminution de l'empreinte écologique de l'ensemble des activités humaines.